17 février 2010 - 17 février 2012

Le 17 février 2010, enceinte de 12 SA, j’avais retrouvé Toto devant l’hôpital où nous allions voir pour la toute première fois notre petit Pistache. On était complètement surexcité, l’un comme l’autre. Je vous l’avoue, j’avais aussi les pétoches car je savais que tout ne pouvait pas aller pour le mieux.

Quelques jours plus tôt d’ailleurs, j’avais dit à Toto qu’après cette écho, on pourrait enfin annoncer cette nouvelle au monde entier. Ce à quoi il m’avait répondu, comme une évidence : «  mon bébé n’a rien, mon bébé est parfait ». 

Arrivés dans le cabinet du gynécologue, je me mets sur la table, déboutonne mon pantalon et regarde avec impatience l’écran. J’ai pas fait médecine mais à force de googler frénétiquement toutes les semaines, si ce n’est tous les jours, « embryon 5 SA », « embryon 6 SA » (j’arrête là, vous avez compris le topo !), je savais à peu près à quoi m’attendre ! 

Et justement, on voyait rien…

Quand le gynéco m’a demandé de virer mon fut’ pour faire une endovaginale (oui, c’était ma toute 1^ère, si j’avais su, j’aurais fait un vœu), je me suis dit que ça sentait la merde.

Quand en plus il m’a demandé si j’avais eu des signes de grossesse, je me suis dit que ça sentait vraiment la merde.

Et finalement, il a trouvé notre petit pistache, tout petit. Il m’a regardé et il a dit « je suis désolé, c’est une grossesse arrêtée ».

Après, tout va très vite : c’est pas de votre faute ma brave dame, ça arrive à 1 femme sur 5, ça ne veut pas dire que vous ne pourrez plus en avoir, et sinon, demain, faudrait venir aux urgences pour un curetage, tenez, voilà le papier qu’il faudra leur donner, allez au revoir.

On est ressorti de là anéanti et sans vraiment trop rien comprendre.

La nuit fut horrible.

Le 18 février 2010, je me suis donc rendue toute seule comme une grande aux urgences pour mon curetage. Alors que quelques jours avant je pensais annoncer la grande nouvelle à ma chef, je me suis vue l’appeler en pleurs à la Défense pour lui dire que je ne pourrai pas venir au boulot (pour info, les parisiens, avant d'aller au taff, ils voient une meuf en larmes, ils s'en foutent comme de l'an 40) (ok, ça m'étonne pas plus que ça).

Je pense d’ailleurs que ce jour là j’ai explosé mon record de larmes. Quand j’attendais de passer au bloc, j’ai dit au revoir à mon petit Pistache.

J’ai toujours été une pro IVG. Cette expérience n’a fait qu’accentuer mon admiration pour ces femmes qui passent par là. Oui, bien évidemment, il y a toujours des écervelées qui vont se faire avorter comme on va chez le coiffeur, mais je suis persuadée que cela reste marginal. 

Je suis allée au bloc en sachant que pour moi il n’y avait plus rien, et cela m’a brisé le cœur. J’ai eu droit au soutien du personnel hospitalier. Ce qui je pense n’est pas toujours le cas pour celles qui choisissent de dire non à la grossesse. Elles doivent se retrouver seules, jugées, à se demander si elles ont fait le bon choix, question qui doit certainement les hanter jusqu’à la fin.

Le 17 février 2012, mon taux de βhcg est de 18.

Le 18 février 2012, y’a des chances que je fasse une fausse-couche.

Je vote donc pour la proposition de la Fille d’éradiquer février de notre calendrier !